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Page:Delzant - Les Goncourt, 1889.djvu/236

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estime toute particulière. Il est un des hommes qui honorent le plus notre profession et dont la juste gloire est la moins contestée. C’est pourquoi il nous permettra de nous affliger plus que tout autre de l’erreur où l’a entraîné sa passion de peintre et de moraliste, et c’est pourquoi il comprendra l’ardeur de la protestation que nous publions ici.

« Venant de tout autre que lui, le nom de la Fille Élisa n’eut pas même été prononcé dans ce journal. Écrit par cette plume vaillante et loyale, il est un danger que nous avons considéré comme un devoir de signaler. C’est encore lui rendre honneur que de lui témoigner noire indignation ! »[1]

Mais le journal le plus profondément atteint dans ses sentiments de modestie, de retenue et de pudeur fut le Tintamarre. Dans le numéro du 1er avril 1877, un honnête bibliothécaire, caché sous un pseudonyme, publia, dans une forme que ne rachète ni l’esprit de l’article, ni les intentions de l’écrivain, une parodie intitulée : La Fille Élisabeth, un chapitre du roman de l’année prochaine.

Cet article fit esclandre, par hasard, et plus de bruit que n’en demandait l’auteur. M. de Cassagnac qui passait, en ce temps-là, en Cour d’assises, dit charitablement, dans sa défense, qu’il lui semblait singulier qu’on l’amenât devant le jury pour insulte aux ministres alors qu’on laissait impuni l’auteur de la Fille Élisabeth qui outrageait si impudemment les mœurs.

Cette désignation retentissante fut relevée. Elle provoqua les poursuites du parquet. Le gérant du Tintamarre et l’auteur furent condamnés par le tribunal correctionnel de la Seine à cinquante et à cent francs d’amende. Comme, en vertu de la loi de 1868,

  1. Gaulois, 28 mars 1877.