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Page:Delzant - Les Goncourt, 1889.djvu/246

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au Journal officiel que dirigeait alors son beau-frère, se montra justement fière de l’hommage du livre. Elle écrivit, le 3 juin 1879, un article de critique qui se terminait ainsi : « Telle est cette œuvre qui continue la seconde manière des de Goncourt, non moins intéressante et artistique que la première, sans qu’on puisse marquer le point juste de leur différence, rien préférer ni conclure… C’est le même procédé d’analyse serrée, de langue solidement poétique ; puis, nous pensons que la grande habitude du travail en commun, des chapitres tour à tour vus et revus, a su mêler si bien les sentiments et le style de MM. de Goncourt, de deux natures d’artistes faire un seul tempérament littéraire, que le travail du survivant doit être parfois un travail hanté de tous les rappels d’une collaboration de vingt années. Aussi la signature des dernières œuvres, quoique dédoublée, laisse-t-elle la grande personnalité des auteurs intacte, avec la seule différence du prénom qui manque, du prénom regretté. »

M. Edmond de Goncourt remercia en ces termes :

11 juin 1879.
Chère madame,

Je ne vous ai pas remerciée tout d’abord de votre amical article parce que j’espérais dîner avec vous chez les Charpentier. Mais non, les Daudet se retirent du monde ; on ne les voit plus, on ne sait plus ce qu’ils deviennent. — C’est pas gentil, ça !… Ce qu’il y a de certain c’est que le mari et la femme m’ont manqué, à moi, en cette petite fête.

Votre article, chère Madame, est une analyse toute charmante, toute poétique, toute émue, de mes Zemganno et me venge un peu de la série d’éreintements qui leur sont tombés sur le dos. Enfin, ça ne fait rien : la sixième édition est entamée et Charpentier retire. Mais il ne faut pas se faire d’illusion : dans ce moment-ci, on aime le pimenté et le genre tempéré n’a guère, je crois, que six éditions dans le ventre.