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Page:Delzant - Les Goncourt, 1889.djvu/309

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Mme Alphonse Daudet à M. Edmond de Goncourt :

Samedi, 28 janvier 1882.
Cher monsieur et ami,

Voici un ennui. Nous sommes forcés de refuser l’invitation à dîner que vient de nous adresser la princesse[1]. Alphonse souffre horriblement de rhumatismes et d’une grosse fluxion qui défigure le charmant auteur des Amoureuses. Il sera peut-être guéri mercredi, mais comment accepter, pour envoyer peut-être une dépêche, au dernier moment. J’ai bien tenu à vous expliquer ce contretemps. Je compte aller remercier la princesse aussitôt qu’il me sera possible de quitter mon malade et je vous prie de me dire quel est son jour du jour.

À propos de la Faustin qui fait un beau chemin, n’est-ce pas ? Léon me raconte quelque chose de très comique. Certains de ses camarades ayant dévoré votre livre, et frappés de la fin, se sont amusés à intercaler, à la suite de leur narration française, une agonie copiée par un comédien, frère ou fils de la victime. Et cela à trois, le même jour ! Le professeur ahuri de la coïncidence et ignorant des littératures contemporaines, se déclarait impuissant à comprendre !

Léon nous a fait rire un moment hier avec cette histoire et nous ne rions guère depuis trois jours. Alphonse a eu plus de six piqûres de morphine.

Le ménage vous envoie ses amitiés de tout cœur,

Julia A. Daudet.

M. Edmond de Goncourt à M. A. Daudet :

25 août 1882.
Mon petit,

Comment ça va-t-il ? Êtes-vous content du traitement ? Les eaux de Néris vous ont-elles redonné de la vigousse pour le travail ? Un petit mot sur votre santé, sans copie aucune. L’ami vous demande cela !

Oui ! comme le dit votre femme, l’été est une bien vilaine saison pour les affections et les gens comme moi qui n’ont ni enfants ni femme (qui n’ont qu’une académie !) Ceux-là, au mois d’août, à Paris, il leur semble qu’ils sont tout seuls sur la terre

  1. Mme la princesse Mathilde.