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Page:Delzant - Les Goncourt, 1889.djvu/332

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consentit, fit à la campagne des lectures plus amples qui donnaient l’impression de l’ensemble. Ses auditeurs, pris d’un grand enthousiasme, le supplièrent de permettre la publication. M. Daudet spontanément parla du Journal à M. Magnard, directeur du Figaro, et, l’échauffant sur ce projet, l’amena à demander communication du manuscrit à l’auteur.

Il se laissa persuader et donna à peu près moitié de la copie qui devait composer plus tard le premier volume. Mais le mode de publication qui fut adopté n’était pas favorable au succès du livre. Le Journal fut publié en infimes parties. Déjà émietté par le sujet même, le texte le parut bien plus encore. Aussitôt qu’il le put, l’auteur arrêta l’impression.

Une copie du manuscrit fut alors remise à l’imprimeur pour être divisée en trois ou quatre volumes, contenant tout ce qu’il était possible de divulguer du vivant de l’auteur et de ses modèles, sous la réserve toujours d’une publication intégrale posthume. L’intention primitive d’arrêter net le journal au jour de la mort de Jules fut modifiée par le désir que sentit Edmond de raconter les tristesses de son agonie et de sa mort. Mais le frère survivant se refusa absolument à livrer la partie qui lui était exclusivement personnelle et qui, commençant au temps du siège et de la Commune, évoque une variété de spectacles et de misères inconnus jusque-là. Ils jetteront à travers ce livre, quand il sera complet, des notes d’une originalité terrible, et auront, de plus, l’intérêt qui s’attache toujours à l’œuvre des spectateurs sincères d’un cataclysme de l’histoire. C’est dans cette partie du Journal, d’où n’avait encore été détaché qu’un très court fragment livré en aumône à une publication de charité, qu’il nous a été permis de puiser. Les longs extraits qu’on a lus