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Page:Delzant - Les Goncourt, 1889.djvu/45

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blique à Venise. Les carbonari italiens avaient osé assassiner, sur les marches du Palais de la Chancellerie romaine, Pellegrino Rossi qui, après avoir été notre ambassadeur auprès du Saint-Siège, était devenu le ministre du pape. L’occupation française n’avait pas encore fait rentrer Pie IX au Vatican.

Les jeunes gens qui avaient assez des barricades de Paris, durent renoncer à aller se fourrer dans la bagarre d’outre-monts. Ils résolurent de se borner, cette fois, à un voyage en France. Ils se mirent en route, de Bar-sur-Seine, dans la première quinzaine de juillet 1849. Ils s’étaient affublés, tous deux, à la mode des rapins de l’époque, de blouses blanches et de casquettes, et portaient sur le dos le sac et le parasol. Jules, petit, encore imberbe, tout rose et tout frais, ressemblait à une jeune fille, et les gens qui les rencontraient sur les grands chemins croyaient Edmond en bonne fortune, avec une donzelle déguisée.

Alors leurs goûts et leurs désirs étaient seulement tournés vers l’aquarelle. Ils en faisaient avec passion. Toutes leurs velléités littéraires s’arrêtaient à noter sur un carnet qui a été conservé, le nombre de kilomètres parcourus dans la journée et les noms des endroits où ils s’arrêtaient. Peu à peu le journal prit plus d’ampleur. On en pourra lire quelques fragments cités, en note, dans les Lettres de Jules.

Ainsi, pédestrement, et faisant halte à tous les endroits pittoresques, ils traversèrent la Bourgogne, le Dauphiné et la Provence. À Marseille, une occasion se présenta d’aller en Afrique. Ils s’embarquèrent le 5 novembre et, le surlendemain, ils étaient installés à Alger.

On trouvera, dans les numéros du journal l’Éclair des 31 janvier, 14 février, 6 mars, 8 mai 1852, ou, plus