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Page:Delzant - Les Goncourt, 1889.djvu/54

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troduction auprès de Mme Allan. Elle lit la lettre et le proverbe ; il lui plaît ; elle s’engage, s’il est reçu par le Comité du Théâtre-Français, à l’apprendre tout de suite et à le jouer le 31 décembre. On est au 21 et il ne reste que dix jours. Les jeunes auteurs courent rue de Richelieu, saisissent Arsène Houssaye, alors administrateur général, qui les renvoie à Lireux, lecteur ordinaire, et laisse espérer un tour de faveur, si le rapport est favorable. Lireux promet d’écrire ce rapport pour le lendemain et tient parole. Il reste à s’assurer du concours de Brindeau : le rôle lui va… tout est fait !… n’était un croc-en-jambe imprévu : « Deux jours après, assis sur une banquette de l’escalier du théâtre et palpitants et tressaillants au moindre bruit, nous entendions Mme Allan jeter, à travers une porte qui se refermait sur elle, de sa vilaine voix de la ville : “Ce n’est pas gentil, ça !” — “Enfoncés !” — dit l’un de nous à l’autre, avec cet affaissement moral et physique qu’a si bien peint Gavarni dans l’écroulement de ce jeune homme tombé sur la chaise d’une cellule de Clichy. En effet, Mme Allan avait changé d’avis. »

Le petit acte fut publié dans l’Éclair, puis, un an après, dans le Messager de la Haute-Marne. C’était une troisième mésaventure théâtrale. Elle fut suivie d’autres encore dont il ne reste trace que dans les lettres de refus qui ont survécu aux œuvres : « Il me revient même — raconte M. Edmond de Goncourt — que, pressés de faire un opéra-comique pour notre cousin de Villedeuil qui avait de l’argent dans le Théâtre-Lyrique, nous avons écrit une farce dans la manière des vieux bouffons italiens, intitulée Mam’selle Zizabelle, acte pour lequel je ne suis pas bien sûr que mon frère n’ait pas composé des vers qui s’entremêlaient à travers la prose. »