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Page:Delzant - Les Goncourt, 1889.djvu/70

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et de Robespierre, simplement attirés et retenus par l’étrangeté du spectacle, assister aux violences les plus odieuses, et pénétrer, en psychologues n’ayant d’autre souci que de cataloguer des observations, dans les énormités morales que le temps qu’ils étudient cache derrière le décor de sa grandeur.

Qu’on ne cherche pas, dans ces livres, une histoire des passions déchaînées, des théories vivaces et puissantes qui ont agité l’époque de la Révolution et qui ont été le ferment de l’agitation dans laquelle le monde moderne zigzague fiévreusement sans se reconnaître. C’est surtout un procès-verbal d’inventaire, merveilleusement renseigné et précis, l’accumulation d’une suite innombrable de menus faits et de choses vues qui donnent la sensation d’un panorama mouvant et produirait, à la longue, un peu de vertige. Mais le lecteur pénètre, avec les auteurs, dans des mines de documents fermés ou négligés avant eux par l’indifférence ou par la pruderie des historiens à échasses.

C’est ainsi que les diverses couches de la société, par leurs habitudes, leurs manières d’être, leurs joies, leurs tristesses, ont été passées en revue. Où Alexis Monteil s’était embourbé dans le fatras des documents mal coordonnés de ses Français des divers états, les Goncourt ont su promener une lumière égale. Elle ne vacille même pas dans leurs mains quand ils conduisent les lecteurs au fond des cloaques bizarres et curieux où la vie des Français de 93 et du Directoire semblait refléter le désordre de la vie politique et qui marque la période de débraillement qui suit une grande peur. Le Palais-Royal, avec ses aspects variés, ses maisons de jeu ou de filles, a fourni aux auteurs de bien instructives révélations. Après l’histoire-batailles, l’histoire-finances, l’histoire-traités, ils imaginaient plus