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Page:Demangeon - Le Déclin de l’Europe, 1920.djvu/263

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pensée qui s’ébauche et tend à entrer dans les faits, c’est qu’on doit se passer de l’Europe. Matériellement, du fait de la coopération des deux Amériques, la position de l’Europe décline ; on se protège contre sa concurrence ; en Argentine même, on impose déjà aux agents commerciaux de l’étranger de fortes redevances et, dans la plupart des grandes villes, des taxes sur les échantillons et les catalogues ; mais on excepte de ces mesures les agents des États-Unis. Les mêmes dispositions s’appliquent dans l’Uruguay et le Panama ; d’autres États les préparent ; c’est le commencement d’un protectionnisme panaméricain. Moralement, la position de l’Europe faiblit aussi ; elle a reconnu au Congrès de Versailles la doctrine de Monroe. Déjà cette doctrine avait mis un terme à l’expansion européenne en Amérique ; elle avait protégé le Nouveau Monde contre des souverainetés étrangères. La reconnaître aujourd’hui, c’est reconnaître à l’Amérique le droit de résoudre dans son propre esprit et selon ses propres lois les problèmes de son existence ; c’est dire que, dans toutes les questions américaines, l’Amérique entière constitue une personnalité souveraine.