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Page:Demangeon - Le Déclin de l’Europe, 1920.djvu/270

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ciaux, on sacrifie les cultures alimentaires et l’on provoque des famines. Tutelle néfaste encore à d’autres égards ; car l’Européen manufacturier considère les sociétés indigènes comme les débouchés naturels de ses objets fabriqués ; il cherche à tuer toute initiative industrielle afin de ne pas se créer à lui-même des rivaux et il maintient, tant qu’il peut et tant qu’il y trouve intérêt, le pays hors de l’évolution moderne.

Ces Européens qui dominent la vie matérielle des peuples qu’ils protègent, qu’ils colonisent ou qu’ils civilisent, comptent à peine numériquement. Ils sont 90 000 dans l’Afrique tropicale, 80 000 dans les Îles de la Sonde, 100 000 dans l’Inde : une poignée auprès des multitudes indigènes. Quelles pensées doit suggérera l’esprit des indigènes réfléchis le spectacle de ce frêle essaim d’étrangers qui butine dans leur ruche ? Ces pensées, nous les connaissons déjà, parce qu’elles ont surgi avec force, parfois avec violence, en différents points du globe.

Il existe plusieurs zones de friction vive entre Européens et non-Européens ; elles se trouvent dans les pays les plus avancés, soit qu’ils tien-