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Page:Demangeon - Le Déclin de l’Europe, 1920.djvu/297

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On assiste dans l’Inde au lent travail qui prépare une solidarité nationale en face de la domination européenne. La sagesse britannique, qui s’aveugle rarement sur les faits, ne s’y trompe pas ; elle sait qu’il est temps d’agir, mais elle veut agir sans hâte afin de créer dans l’ordre. Ce qui caractérise la société hindoue, c’est le contraste entre une élite d’hommes d’étude, ardente, intellectuelle, inhabile encore aux affaires et une masse engourdie de plus de deux cents millions de paysans illettrés ; ces conditions sociales font penser à la société russe. Avant de confier les affaires aux uns et d’appeler les autres à contrôler ces affaires, il faut une pause, un stage de patience et d’évolution. Mais quelle que soit l’échéance de la pleine autonomie, le principe qui inspire le mouvement compromet l’avenir de la domination européenne ; car, en dirigeant leurs propres affaires, les Hindous travailleront dans l’intérêt de leur propre pays, et non dans l’intérêt de la Grande-Bretagne.