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Page:Demangeon - Le Déclin de l’Europe, 1920.djvu/319

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complit une division du travail ; le partage se fait entre l’Europe, l’Amérique du Nord et l’Archipel japonais, entre deux groupes de race blanche et un groupe de race jaune. Il existe maintenant plusieurs foyers de haute humanité au lieu d’un. Depuis les grandes découvertes, le monde s’était européanisé ; sous l’influence de continents et de peuples plus jeunes dans le progrès, il tend à se régionaliser. Il se prépare un nouveau classement des régions de la terre où l’Europe ne tiendra plus seule la tête. C’est une rupture d’équilibre qui s’accomplit au détriment de l’Europe.

Est-ce à dire que l’Europe ait fini son règne ? Est-ce à dire que, suivant l’originale expression de M. P. Valéry, elle « deviendra ce qu’elle est en réalité, c’est-à-dire un petit cap du continent asiatique » ? Pour cela, il faudrait qu’elle fût réduite à ne plus compter que proportionnellement à sa superficie. Or, l’espace n’est pas la mesure de la grandeur des peuples. Cette grandeur se fonde encore sur le nombre des hommes, sur leur état de civilisation, sur leur progrès mental, sur leurs aptitudes à dominer la nature ; il s’agit ici plutôt de valeur que de grandeur.