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nales qui poussent chaque État à se créer une flotte. Le monopole de l’Europe et, plus particulièrement, la prépondérance britannique, repose, surtout en Argentine, sur des fondements solides. Tandis que l’exportation argentine comprend des produits dont les États-Unis n’ont pas besoin puisqu’ils en exportent, elle trouve un débouché en Grande-Bretagne, pays industriel dont les agglomérations urbaines consomment des masses de céréales et de viande ; réciproquement, les articles manufacturés de la Grande-Bretagne se vendent en Argentine. Un tiers du commerce extérieur de l’Argentine se fait avec la Grande-Bretagne ; il sera difficile aux États-Unis d’enlever ce marché à l’influence britannique et, par suite, à la flotte britannique. Les marchés brésiliens et chiliens sont plus aisés à conquérir ; mais les États-Unis y ont rencontré, toujours tenace et hardie, l’entreprise britannique ; dès la fin de la guerre, la Grande-Bretagne a su rendre vite disponible, pour la reprise du commerce, une partie de la flotte réquisitionnée ; et, dès le mois de décembre 1918, elle pouvait transporter de Liverpool à Rio de Janeiro des mar-