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PRÉFACE.




Un homme parut, qui prit aux mains de Jupiter même la chaîne d’or où le monde est suspendu ; il tint long-temps le monde en équilibre, mais voulant donner à la chaine une trop grande tension, elle se rompit ; il tomba, et, nouveau Prométhée, comme lui ayant fait beaucoup de bien et beaucoup de mal aux hommes, comme lui, il fut cruellement attaché sur un rocher désert, où il mourut du supplice de ce Titan[1] : Napoléon, ébranlant dans sa chute les ressorts politiques de l’univers, les relâcha à un tel point, qu’il s’ensuivit un nouvel

  1. Cela n’est point une exagération, puisqu’un vautour déchirait le foie de Prométhée attaché sur un roc du Caucase, et qu’un cancer cruel dévorait lentement les entrailles de Napoléon, sur le roc de Sainte-Hélène. Quand il n’y aurait que l’ennui et le chagrin qui eussent été la cause de sa mort, l’image serait encore juste, car on peut bien appliquer à ces deux ennemis de la vie humaine, ces vers sublimes de La Fontaine :


    Véritable vautour, que le fils de Japet
    Représente enchaîné sur son triste sommet.

    (La Fontaine, Phil. et Baucis)