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Page:Depasse - Challemel-Lacour, 1883.djvu/32

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un trait des plus cruels : « Quoi que vous disiez, je regrette de n’avoir pas mieux fait pour remplir ma tâche qui était lourde alors. Un jour, au mois de janvier, on vient me dire qu’une sédition a éclaté au camp de Satonay. Je trouvai là des hommes grelottants. Vous en souvenez-vous, monsieur le général Pélissier ? Vous y étiez. Ah ! si j’avais eu des capotes, je les leur aurais jetées sans regarder. Peu m’eût importé d’encourir la disgrâce de la commission ! » On comprend comme les applaudissements de la gauche devaient éclater à chacune des phases de cette admirable défense, comme la république était bien vengée !

M. Challemel-Lacour n’a jamais besoin de se corriger ni de se revoir. Telle la phrase tombe de ses lèvres, telle elle se fixe sur le papier, sans éclaboussure ni tremblement. Sa parole est du style tout fait et naturellement définitif ; à peine lui est-elle échappée toute fluide que déjà elle est figée en bronze poli et reluisant qui n’attend plus la lime. Sans doute il travaille beaucoup ses discours, mais il ne les récite pas ; il écrit comme il parle et il parle comme il écrit, dans une forme qui a tout de suite sa perfection propre et relative, parce que c’est ainsi qu’il pense.