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Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/100

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Et ma compagne les accueille sans coquetterie. Elle s’abandonne à tous et n’est infidèle à personne. Aimant toujours, elle est toujours aimée, et renferme en elle d’inépuisables trésors d’affection ; elle enfante sans cesse ; mais sa passion est aussi noble qu’ardente, aussi pure que profonde, sa volupté aussi chaste qu’infinie ; c’est-à-dire qu’elle reste et restera éternellement vierge — suivant un divin exemple — en dépit de son éternelle et sublime fécondité.

Cette compagne, ô mes frères en poésie, vous l’avez déjà devinée sans doute, car, comme moi, vous la connaissez bien, car elle est aussi la vôtre… c’est la rêverie.

Jamais je ne sors sans elle, car seule elle a le charme indicible de tout me faire entrevoir à travers le prisme flamboyant et doré de l’illusion et de la fantaisie.

C’est avec elle que j’ai parcouru cette ravissante vallée d’Aspe, une des plus délicieuses des Pyrénées, à mon avis, et aujourd’hui que je suis de retour de cette ravissante excursion, je n’ai qu’un regret, c’est de ne me point souvenir, pour vous le redire ici, de tout ce qu’elle n’a cessé de murmurer d’enchanteur tout le long de la route. Je dois en convenir aussi, je n’ai pas souvenance — et pourtant j’ai beaucoup voyagé, tant en France qu’à l’étranger —