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Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/121

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prendre silencieusement ces bruits sublimes, ces indicibles murmures s’échappant des dômes comme de la profondeur de ces vieilles forêts, qui semblent elles aussi de majestueuses églises avec leurs arceaux élevés, leurs pleins-cintres grandioses, leurs voussures hardies, leurs sveltes colonnes, leurs chapiteaux de feuilles, leurs rosaces dentelées et brodées à jour, avec leurs voix qui grondent, leurs voix qui pleurent, leurs voix qui soupirent, leurs voix qui mugissent, leurs voix qui bourdonnent selon les calmes ou les tempêtes, les repos ou les balancements des branches.

Quand arriva 93, quand sonna cette heure fatale et terrible de la Révolution qui a tant englouti d’anciennes croyances dans ses vagues de sang, tant abattu de saints autels, l’église de Sarrance vit se renouveler pour elle une partie des malheurs qu’elle avait eu à souffrir durant les troubles religieux du Béarn, au xvie siècle. Non seulement tout ce qu’elle renfermait de précieux sombra dans cet autre naufrage des idées religieuses, mais encore peu s’en fallut qu’elle ne disparût tout à fait elle-même sous les ruines amoncelées par ce fougueux torrent entraînant pêle-mêle, dans ses eaux tourbillonnantes, mœurs, religions, croyances, souvenirs, espoirs, et les débris des temples, et les débris des croix tombées et les débris des trônes fracassés. Sans