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Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/131

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sentait bien la sublimité de son art ! La nature semblait laisser tomber le voile qui couvrait sa nudité, pour qu’il pût s’initier à ses secrets ; les brosses, les pinceaux couraient plutôt sur la toile qu’ils ne la touchaient : c’était la peinture entourée de tous ses charmes célestes. Il fallait voir cette toile tout à l’heure si froide, si muette, s’animer sous son pinceau ! et ce chef-d’œuvre, il le devait à la jeune fille qui, réellement, savait aimer ; à la jeune fille bien plus peintre encore, car elle seule avait su lui dévoiler les secrets de la nature. — Pour lui, son bien-aimé, elle avait rejeté tous les préjugés d’un monde égoïste et froid ; elle s’était abandonnée avec confiance à son bienfaiteur.

Haletante d’amour, belle de sa beauté, elle n’avait pas craint de se jeter dans les bras de l’art délirant. Oui, elle seule avait compris les secrets de l’art et de l’amour, et cependant son sacrifice n’était pas achevé. Il ne lui restait plus qu’à lui accorder son dernier souffle de vie, car elle lui avait sacrifié sa pudeur, elle, vierge si timide, si belle, à lui peintre, à lui qui était si beau dans son enthousiasme poétique………

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Mais l’exaltation du peintre se refroidissait ; il avait bien trouvé dans les traits de sa jeune amie