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Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/166

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tué de bonne heure à la peine et non aux raffinements de la cour, soit devenu le terrible lion appelé à faire trembler ses ennemis, suivant les prophétiques paroles du roi Henri d’Albret : « Mire, agora esta oueia pario un lione. — Regardez, la brebis a enfanté un lion. »

Malheureusement, la destinée des ouvrages humains roule dans un cercle de désastres ; les monuments périssent comme les mains qui les ont élevés ; et puis ce que le temps respecte, les révolutions, encore plus agiles à détruire que lui, l’anéantissent dans leurs sanglants excès. Aujourd’hui, de tout le superbe château où grandit Henri IV jusqu’au jour où son père Antoine de Bourbon le conduisit à Paris, au collége de Navarre, pour y être institué es-bonnes lettres, il ne reste plus qu’une tour et qu’un portail en ruines dont les pierres rongées laissent encore lire l’étrange axiome castillan que voici : « Lo que ha de ser no puede faltar. — Ce qui doit être ne peut manquer d’arriver ! »

Fatalement, à la vue de cet adage espagnol, on ne peut s’empêcher de songer à cette étroite petite rue de la Ferronnerie, où l’intrépide héros de tant de rencontres d’armes, de siéges et de batailles, parvenu enfin à s’asseoir sur le trône de France après de si diverses destinées, s’en fut si misérablement périr sous le couteau d’un fanatique !