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Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/19

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Il y avait dans l’air un je ne sais quoi qui portait à rêver. Les plantes chargeaient de leurs douces émanations les légères brises répandues dans l’atmosphère, en suspendant de faibles et mélodieuses notes à chaque branche secouée. Tout était bonheur et calme autour d’eux : les vapeurs du soir aux teintes légèrement enflammées, donnaient aux objets ces formes incertaines dont le vague harmonieux en nuançant tout de ses tons voluptueux charme la paupière tout en alanguissant le cœur. Tous deux éprouvaient d’ineffables délices, ils respiraient leurs haleines et se laissaient doucement bercer par le souffle caressant et saccadé qui s’échappait de leurs poitrines émues. Le jeune homme avait ses bras passés autour de sa fiancée, il ne pouvait quitter des yeux ce céleste visage qui lui versait comme une rosée irritante, ses sourires et ses pleurs de joie. De longs silences enivraient et exaltaient leurs cœurs. Chaque fois que la jeune fille penchait la tête vers son amant c’était pour l’inonder d’un tel parfum de voluptés que les lèvres de l’heureux jeune homme s’avançaient dans l’atmosphère embaumée où elles rencontraient celles d’Édère.

À peine arrivés, ils s’assirent sur un banc de mousse que formait le rocher et leurs regards se tournèrent vers les cieux.

— Vois-tu là-bas cette petite étoile, brillante