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Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/192

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arrive de toutes parts ; l’air en est pénétré, la voûte bleue scintille depuis le dôme jusqu’à l’horizon. On oublie les autres objets ; on s’absorbe dans une sensation unique ; on ne peut que jouir de cette sérénité inaltérable, de cette profusion de clarté, de cet épanchement de lumière dorée, ruisselante, qui joue dans un espace sans limites. Le ciel du Midi ne correspond qu’à un seul état de l’âme, qui est la joie ; il n’a qu’une pensée et qu’une beauté, mais il fait concevoir le bonheur plein et durable ; il met dans le cœur une source de gaieté toujours prête à jaillir ; l’homme en ce pays doit porter légèrement la vie. Nos cieux du Nord ont une expression plus variée et plus profonde. Les reflets métalliques de leurs nuages changeants conviennent à des âmes agitées. Leur lumière brisée et leurs nuances étranges expriment la joie triste des passions mélancoliques. Ils touchent le cœur plus à fond et d’une atteinte plus vive. Mais le bleu et le blanc sont des teintes si belles ! D’ici, le Nord semble un exil ; on n’eût jamais pensé que deux couleurs pussent faire autant de plaisir. Elles s’évanouissent l’une dans l’autre, comme des sons suaves qui se rapprochent et se confondent. Le blanc lointain adoucit la lumière crue et l’emprisonne dans une poussière d’air épaissi. L’azur du dôme émousse les rayons sous sa teinte obscure, les réfléchit, les