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Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/203

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préféré que son seigneur et maître eût, en effet, réellement eu le crâne brisé par le glaive crochu d’un Sarrasin. Mais c’est qu’aussi c’était bien dur d’avoir à partager sa blanche couche avec ce hideux mendiant alors qu’elle se faisait une fête de promener ses voluptueuses lèvres de pourpre sur le beau front du sire d’Angles !

Malgré tout, elle ne le renia point ; son accueil fut seulement froid, très-froid. Elle, qui n’avait pas cessé de pleurer et de regarder du côté de la Terre-Sainte durant sept ans, n’eut même pas un baiser pour le pauvre revenant.

Tout à coup le diable parut, réclamant du baron l’exécution de sa promesse, une part au dessert de son infidèle épouse. Jugez de la terreur qu’inspira sa venue ! Tous sentirent glisser dans leurs veines ce froid mortel et pénétrant qui vous saisit dans les sombres gorges de Pierrefitte et des Eaux-Chaudes.

Le baron, lui, n’eut point peur et sourit même malicieusement. « Ah ! te voilà, dit-il, gentil compagnon de route, tiens, voici ta part du festin. » Et il tendit au diable quelques coques de noix.

Satan fit d’abord la grimace ; puis, indigné de la mauvaise foi du paladin croisé, il s’enfuit en hurlant, non par la porte comme un simple mor-