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Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/21

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mouettes et d’une infinité d’autres oiseaux de mer venaient attester par leurs notes perçantes et plaintives le trouble et l’alarme de ces tribus sauvages, qu’un instinct secret porte toujours à regagner la terre dès les premiers symptômes d’une tourmente. Devenue sombre et menaçante l’immensité de ces campagnes humides déroulait ses sinistres sillons comme autant de linceuls attendant leurs hôtes.

En un instant la mer, jusque-là calme et unie, grossit et bondit comme une panthère enragée. Se heurtant les unes contre les autres, ses vagues mugissantes semblaient vouloir tout envahir, tout briser.

Craintive et tressaillante à la vue des sillons de feu qui déchiraient la nue, Édère s’en fut cacher son visage dans le sein d’Oura, tout en adressant plus que jamais à Dieu les saintes adorations de son âme : « Fuyons, dit-elle, fuyons !….. » Mais comment fuir quand la nuit couvre tout de ses ombres et vous empêche de rien distinguer ! Comment se hasarder quand chaque éclair qui brille vous dessine, d’un côté le roc abrupt, bizarre, capricieux, s’élevant, s’abaissant, se rompant tout à coup ; de l’autre, la gueule béante de l’Océan prêt à engloutir quiconque oserait sonder la mystérieuse profondeur de ses gouffres. Un pas en avant,