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Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/210

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de chambre. N’allez pas croire pour cela qu’il m’ait jamais traité comme un domestique… le pauvre enfant !… Non ; j’étais pour lui comme un vieil ami… ; aussi n’aurais-je pas hésité à me jeter au feu pour l’en sauver !

Après avoir visité la Turquie, l’Allemagne, la Suisse et l’Italie, mon jeune maître dut rentrer en France, car depuis un ou deux mois il ne se sentait pas bien.

À Paris, les premiers médecins s’étant trouvés d’accord pour dire que les eaux de Cauterets seules pourraient triompher de la maladie de langueur du pauvre jeune homme, son père, que son service empêchait de s’absenter, le fit immédiatement partir pour les Pyrénées, où je fus, comme toujours, appelé à l’accompagner.

Durant toute une semaine, nous passâmes ici le plus délicieux temps du monde. Sous l’influence de ce climat si riche et si fécond en afflations vivifiantes, mon jeune maître avait non-seulement vu renaître ses couleurs fraîches et sa gaieté folle d’autrefois, mais avec elles son irrésistible passion pour le dessin ; — car il dessinait comme un ange, le pauvre cher enfant !

Un jour donc que voulant rendre avec une aussi scrupuleuse exactitude que possible la perspective abrupte de ces rochers dont il avait entrepris de