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Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/218

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ces débris de montagne superposés, entassés, accumulés pèsent horriblement sur votre malheureuse poitrine et l’enserrent comme d’une cuirasse de plomb. Puis, en ne cessant de voir la route serpenter sur les saillies de la montagne et s’élancer d’un roc à l’autre par sept ponts de marbre, toujours dominant le Gave, ou autrement dit l’abîme, et toujours dominée par la dentelure des pics dont la tête blanche de neige s’enfonce dans les nuages, vous ne pouvez vous défendre d’un tremblement intérieur.

Aussi jugez de l’effet que vous produisent ces cinq mots : « Voilà la Roche du Crime ! » qu’on ne manque jamais de vous dire au moment même où vous arrivez au plus sinistre passage de la très-fantastique, mais très-peu récréante route que nous venons d’essayer de vous dépeindre ! Il est impossible à décrire, d’autant plus impossible que la roche qu’on vous désigne sous la sombre appellation que vous savez est des moins faites par elle-même pour vous rasséréner l’esprit, par cela seul que c’est une horrible montagne écorchée, nue, moisie, brûlée, dont la tête rougeâtre et chauve a je ne sais quoi d’âpre et de dur. Rien n’est hideux comme la livrée fauve de ronces desséchées qui couvre les épaules de ce monstrueux squelette ; rien ne vous serre douloureusement l’âme comme