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Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/62

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un bruit soudain, surgi à l’improviste, a retenti, pareil aux mugissements des rochers contre lesquels vient se briser l’aile en furie de l’ouragan : la guerre sonnait toutes ses fanfares, et le pauvre enfant des montagnes devait, comme tant d’autres, voler à la défense de sa patrie.

Vous dire à quelle occasion avait eu lieu cette prise d’armes, je ne le saurais ; mais ce que je sais bien, c’est que le malheureux jeune homme pleurait beaucoup.

Il ne faut pas pour cela l’accuser de faiblesse : il sonne quelquefois une heure dans la vie où l’homme qui a traversé, calme et sans pâlir, les adversités les plus terribles, pleure involontairement ; une larme de feu s’échappe avec effort de ses yeux ; c’est à la vue d’une femme aimée, à laquelle il craint de dire un éternel adieu.

— Thérésa, murmura-t-il enfin d’une voix affaiblie, tu m’aimeras toujours, n’est-ce pas ? J’ai besoin que ta bouche rose me le jure ; écoute : j’ai vu ma mère s’éteindre languissamment dans mes bras, comme une fleur que le soleil ne regarde plus ; mon père est mort en combattant pour son pays, — comme je mourrai peut-être, — je n’ai que toi au monde ; je n’ai qu’une seule adoration, c’est toi ! Mets ta main dans la mienne ; unis tes jours à mes jours par un serment so-