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Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/80

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sembla voir se glisser dans l’ombre, à travers les squelettes desséchés des vieux chênes, un fantôme mystérieux qui la regardait avec des yeux flamboyants.

Saisie de frayeur, elle se mit à considérer en tremblant cet être fantastique.

À force de le regarder pour tâcher de se rendre compte des formes confuses que son imagination lui représentait, elle crut très-distinctement entrevoir qu’il avait deux cornes sur la tête, une grande langue rouge, des griffes au bout des doigts et les pieds fourchus. Alors la peur lui donnant des ailes, elle se mit à fuir avec la rapidité d’un jeune faon ; mais elle n’avait pas encore parcouru l’espace de vingt pas qu’elle entendit derrière elle une douce voix l’appeler par son nom.

— Marguerite ! Marguerite ! disait la voix dont l’accent avait je ne sais quoi d’irrésistiblement sympathique, pourquoi fuir et trembler ainsi ? Je ne suis pas un esprit, comme tu le crois peut-être ; non, je suis le jeune sire de Lahonce, qui t’aime et te voudrait voir bien heureuse.

Quoiqu’elle eût grand’peur et ne songeât, un instant auparavant, qu’à fuir au plus vite, la jeune fille sentit alors jusqu’où peut aller l’influence d’un sort jeté, car elle s’arrêta tout à coup et se retourna.