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Page:Des Vignons - Betty petite fille, 1922.djvu/146

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BETTY PETITE FILLE

Machinalement il regarda ces belles mains et une répugnance lui monta aux lèvres ; vraiment il préférait encore le souillon épluchant les légumes.

Curieux, il examina Betty à la dérobée et la vit en contemplation devant l’élégance maternelle. En une fulgurance il comprit l’impatience de l’enfant, devinant qu’elle ne pouvait tout ignorer, vivant en cette atmosphère empestée de luxure.

Alors il se rappela ses audaces à son égard et commença à en percevoir le secret motif. Il avait trop vécu pour s’inquiéter outre mesure ; il voyait assurément l’avenir de la fillette tel qu’il serait, mais ne s’en effrayait point, le considérant comme une conséquence naturelle de la conduite de la mère.

Toutefois, il se demanda s’il ne ferait œuvre de dupe, en laissant à un autre une prémice qui lui était offerte.

Cette réflexion lui suggéra un projet immédiat.

— Vous n’allez pas dîner de saucisson,… je vous emmène au restaurant.

Distinguée Madame Cérisy acquiesça d’un sourire, Betty lui sauta au cou en l’appelant « parrain chéri ».

La joie de sa fille fut l’excuse que donna la mère pour s’empresser d’accepter, mais en réalité, elle