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Page:Des Vignons - Betty petite fille, 1922.djvu/164

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BETTY PETITE FILLE

À un point de vue, il était préférable de se montrer en dessous disparates, plutôt que d’offrir une lingerie de pensionnaire nubile.

La robe, fut le fourreau glauque qu’elle n’avait point détérioré la veille par pur hasard.

Elle regretta que les mignons souliers Henri II ne fussent munis de talons Louis XV d’une désespérante hauteur.

Devant la glace maternelle, elle se confectionna un chignon prestigieux, se disant avec quelque raison qu’elle ne pouvait paraître une enfant si elle désirait subir les ultimes outrages.

Et cela elle l’espérait ardemment, tout le sang bouillonnant d’une juvénile impatience.

En face de la glace toujours, elle s’abandonnait à une répétition générale, afin de n’être point au moment propice, prise au dépourvu.

Elle préparait à l’avance les gestes qu’elle aurait à exécuter, les paroles qu’il lui faudrait prononcer.

Trop avertie pour ne pas s’y attendre, elle prévoyait une souffrance atroce, une mer rouge comme jamais bolcheviste convaincu n’en rêva.

Comme elle était en avance, elle s’attardait malgré la nervosité qui lentement montait en elle. Son pauvre cerveau ne cessait d’être harcelé par les pensées lubriques.

Ce jour-là devait à son avis être le plus beau de