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Page:Des Vignons - Betty petite fille, 1922.djvu/191

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BETTY PETITE FILLE

Dans l’antichambre, résonna une voix pincharde :

— Bonjour, ma petite chérie !

Un bruit de baisers goulus sonna comme une trompette. Madame Cérisy perçut au cœur une sorte de douleur bienheureuse. Elle croyait reconnaître cet organe factice, ce timbre déformé, un octave au-dessus de son diapason naturel.

Dans le couloir, Betty et Charlotte échangeaient des caresses savantes, qui mettaient aux reins de la fillette des frissons brusques.

Pourtant elle reprit bientôt son calme et conduisit la visiteuse auprès de Madame Cérisy. Celle-ci, malgré tout son empire sur elle-même, ne put cacher son émoi à l’éphèbe qui, sur le champ, devina son empire.

Betty restait auprès d’eux, ne percevant point leur impatience d’être seuls et sa mère ne savait quel prétexte trouver pour s’en débarrasser.

Cette présence ne gênait que cette dernière, Charlotte l’aurait parfaitement admise, ayant le cœur si ingénu, qu’elle n’apercevait jamais le mal.

Soudain Madame Cérisy, se figura qu’elle souhaitait ardemment déguster une glace parfumée. La fillette fut incontinent dépêchée chez le fournisseur le plus proche.

Elle s’éloigna d’un air boudeur, certaine qu’il s’accomplirait en son absence des actes décisifs.