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Page:Des Vignons - Betty petite fille, 1922.djvu/27

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BETTY PETITE FILLE

Ses yeux avaient une lueur inaccoutumée, ils brillaient d’une audace inconsciente en fixant les hommes.

Elle n’avait pas peur, se sentant protégée par son âge et d’autre part cette immunité l’enrageait.

Des passants souvent la détaillaient avec dans le regard une flamme lubrique. Elle ne comprenait exactement, mais tout de même un frisson languide la secouait. Elle avait la perception que sa joliesse, son allure particulière allumaient le désir chez le mâle. Pour l’instant, elle n’en réclamait pas davantage.

Aussitôt elle reprenait sa contenance délurée, le nez levé, la frimousse moqueuse.

En elle sa chair brûlait, son imagination s’exaltait, elle croyait avoir déjà la sensation des baisers. Et tout en marchant sa taille se creusait avec lascivité.

Elle savait bien ce qu’elle désirait, mais elle savait aussi manquer du courage nécessaire pour le vouloir fermement, retenue comme par une main invisible et puissante.

Alors elle rêvait de violences, d’une de ces attaques brutales comme elle en avait entendu raconter par de grandes personnes. Il lui semblait qu’elle ne se défendrait point, même qu’elle ne se plaindrait ensuite, au contraire.