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Page:Des Vignons - Betty petite fille, 1922.djvu/34

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BETTY PETITE FILLE


sentir elle aussi les affres de la sensualité. Et ainsi par moment, elle éprouvait à l’égard de la mère, une sorte de jalousie haineuse, bien féminine. Pourquoi ce plaisir exorbitant qu’elle s’autorisait, ne le lui laissait-elle point partager ?

Lorsque madame Cérisy fut en peignoir, elle lui sauta au cou avec une gaminerie charmante :

— Petite mère chérie ! Comme tu es jolie !

En réalité ce compliment masquait astucieusement la passion qui bouillonnait en elle. Ces baisers apaisaient sa soif de sensations, de caresses.

Assurément, elle pensait ce qu’elle disait, mais en même temps, le contact des lèvres chaudes de la femme, lui était une volupté aiguë. Elle croyait y retrouver le goût d’autres baisers plus pervers, d’une saveur inconnue.

Leurs deux corps tièdes étaient serrés l’un contre l’autre et cela aussi lui procurait un plaisir intime, impossible à préciser.

Se tenant par le bras, elles se dirigèrent vers la salle à manger où le couvert était mis. Léontine, dépeignée comme à l’ordinaire, apporta le potage.

— Alors vous avez été aux Tuileries avec mademoiselle Betty ? fit madame Cérisy assez indifférente.

— Bien sûr ! rétorqua la goton d’un ton hargneux.