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Page:Desbordes-Valmore - Bouquets et prières, 1843.djvu/184

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Rien n’est bon que d’aimer, rien n’est doux que de croire,
Que d’entendre la nuit, solitaire en sa gloire,
Accorder sur les monts ses sublimes concerts,
Pour les épandre aux cieux, qui ne sont pas déserts !


Nous venions de franchir l’effroi de deux abîmes,
Où des cheveux divins vous suspendent aux cîmes ;
Où le tronc d’un vieux arbre est le seul pont jeté
Entre l’âme qui passe et son éternité ;
Où l’on ferme les yeux sur la pente rapide,
Pour n’y pas voir rouler quelqu’enfant intrépide,
Qui vous échappe et court, et vous offre une fleur,
Quand vous l’atteignez, vous, sans voix et sans couleur.


Et nous goûtions du soir la suave magie,
Tempérant de l’été la brûlante énergie ;
Oubliant (nous voulions l’oublier) les serpens
Que nous venions de fuir si bas et si rampans.
Pas un n’avait atteint le cœur. Anges fidèles,
Mes deux filles si haut m’enlevaient dans leurs ailes !
Ces deux étoiles d’or brillaient au front des vents,
Et j’avais du courage : il est dans nos enfans.