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Page:Desbordes-Valmore - Les Veillées des Antilles, tome 2, 1821.pdf/43

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SARAH.

jeune homme pressait sur son cœur, en relisant tout haut et avec feu cette page qui lui révélait son sort. Arsène ne jouait plus, il écoutait.

Le pur amour se fait entendre des êtres les plus simples, il porte avec lui un charme qui trouble leur indifférence, et les yeux de deux jeunes amans ont un langage dont la douceur pénètre ceux même qui n’ont jamais aimé.

Silvain l’éprouve ; il a vu dans le regard de la jeune Créole un autre amour que l’amour de l’or. Ce regard tendre, qui ne cherche et n’appelle qu’Edwin, a rencontré, par hasard, l’œil inquiet de l’intendant ; il le trouve beau ; la douce expression dont il est rempli porte une espérance passionnée dans son ame. Cette erreur enflamme son sang, il croit aimer ; il calcule rapidement que son intérêt l’engage à plaire. — Mais la naissance mystérieuse de