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Page:Desbordes-Valmore - Livre des mères, 1840, t1.djvu/100

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Ne les effrayez pas ; ils s’enfuiront d’eux-mêmes ;
De vos jeunes désirs on dirait les emblèmes ;
Sans les troubler encore ils glissent sur vos sens.
Saluez, mes amours, cette vieille bergère ;
Son sourire aux enfants donne une nuit légère.
Quoi ! vous voulez courir, pauvres petits mouillés ?
Ce papillon tardif, que la fraîcheur attire,
Baise dans vos cheveux les lilas effeuillés,
Et, tout en vous bravant, je crois l’entendre rire.
C’est assez le poursuivre et lui jeter des fleurs,
Enfants ; vos cris de joie éveillent la colombe :
Un roseau qui s’incline, une feuille qui tombe,
Rompt le charme léger qui suspend les douleurs.
Écoutez dans son nid s’agiter l’hirondelle ;
Tout lui semble un danger ; car elle a des petits.
Peut-être elle a rêvé qu’ils étaient tous partis ;
La voilà qui se calme ; elle les sent près d’elle !


Mais la lune se lève, et pâlit mes crayons :
Ne bravez pas dans l’eau ses humides rayons ;