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Page:Desbordes-Valmore - Livre des mères, 1840, t1.djvu/124

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Oiseau ! des malheureux que n’es-tu le dernier !
Je ne veux point d’esclave.

la mère.

Je ne veux point d’esclaveÔ clémence naïve !
Embrassez-moi, mon fils, vous m’arrachez des pleurs :
Soyez libre vous-même, et calmez vos douleurs.
Quoi ! jusque dans mes bras votre frayeur palpite !…
Ah ! le cœur de l’oiseau palpitait-il moins vite,
Quand votre instinct cruel empêcha son essor !
Enfant, sans vos chagrins quel eut été son sort ?
Vous ravissiez l’époux à l’épouse éperdue ;
Elle eût traîné sa plainte, et Dieu l’eut entendue !
Et les petits tout nus, glacés dans votre main,
Auraient péri de froid, de langueur et de faim.

l’enfant.

Ah ! je n’y songeais pas !

la mère.

Ah ! je n’y songeais pasMaintenant tout respire ;
Tout se calme et s’endort.