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Page:Desbordes-Valmore - Livre des mères, 1840, t1.djvu/134

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Vivre, c’est vivre enfin, et ! e néant m’alarme ;
Cette crainte au méchant coûte au moins une larme ;
Juge de son horreur pour un cœur tout amour,
Et si loin de ta nuit ne m’éteins pas le jour !
Faut-il te dire tout ? je veux devenir mère.
Laisse-moi donc revoir, dans ma douleur amère,
Un ami de mon âge, imprudent comme moi,
Qui pour me délivrer s’élancerait vers toi.
S’il avait de mon sort la triste confidence,
Je lui dirais en vain : Sauvez-vous ! il viendrait :
L’amour au désespoir connaît-il la prudence ?
Il rongerait mes fers, ou bien il me suivrait.


 « J’ai dit l’amour : tu le connais peut-être ?
Béni soit Dieu ! car l’amour est humain.
Oui, je retrouverai la moitié de mon être,
Et je serai libre demain !
Oui, tu sais que l’amour console la nature,
Qu’il jette au prisonnier des rêves gracieux,
Qu’il souffle à son oreille un chant délicieux,