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Page:Desbordes-Valmore - Livre des mères, 1840, t1.djvu/160

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sonner à quelque porte pour s’y sauver d’une nuit d’épouvante et d’insomnie, à jeun ; tous les pieds de biches du monde n’auraient pu réveiller sa passion éteinte pour le son des marteaux et des cloches. Il s’assit en soupirant au coin d’une borne sur un banc étroit qu’il accepta pour son lit, non sans murmurer tristement :

— Ah ! que les bancs son bien plus larges à Paris ! et les réverbères, Dieu ! qu’ils sont ternes dans cette petite ville… Est-ce qu’il y a des hommes dans ces habitations froides ?… Maman ! maman ! que la vôtre à cette heure était chaude et gaie pour moi ! Si vous saviez où je suis, vous prendriez la poste pour venir me sauver. Il est vrai que je suis bien coupable ; mais vous n’auriez pas le courage, vous, de me punir si cruellement, car je suis perdu enfin !… » Et les larmes d’Antony coulèrent par flots sur le banc de pierre.