Aller au contenu

Page:Desbordes-Valmore - Livre des mères, 1840, t1.djvu/209

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
204

Il eût donné tout au monde pour revoir une fois encore éclater ces ardentes lumières qui avaient enflammé l’air et son imagination de cinq ans. Mais il n’avait rien du tout pour acheter un feu d’artifice, et il rêvait sur le bord de la chaumière.

Les yeux fixes et la tête penchée, il cherchait un moyen d’assister encore à cette fête du soir qui l’avait rempli d’émotion et d’étonnement.

Une idée simple, mais fatale traversa son petit cerveau, comme une lueur traverse l’obscurité. Demeuré seul pour garder la maison dont son père et sa mère s’étaient forcément éloignés un moment, il saisit une lampe qui pendait sous l’âtre et porta lui-même sa flamme dans tout ce qu’elle pouvait dévorer. La grange recelait de la paille, du foin sec ; le feu se répandit avec une telle rapidité qu’il s’élança comme des langues dévorantes vers le ciel,