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Page:Desbordes-Valmore - Livre des mères, 1840, t2.djvu/138

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ment cette poussière qu’il faisait voler naguère avec tant d’insolence.

Une inquiétude brûlante le dévore sans qu’il y trouve un nom ; car tant de choses déjà tournent dans son isolement, qu’il souffre sans pouvoir dire de quoi : c’est la soif ! il se ressouvient qu’il a oublié de boire, après le repas d’une nourriture fanée et altérante. Ah ! c’est là un commencement de désespoir. Il donnerait ses cinq sous sans chanceler pour un verre de la source, où sa tante puise de si larges cruches, dont l’image fraîche et bouillonnante qui se met tout à coup devant lui, attise le feu mêlé à son haleine. Personne sur cette consumante ! Le désert se montre devant lui ! Oh ! que les prêtres espagnols pourraient dire de lui, ce qu’ils disaient à Montézuma : Les dieux ont soif !…

Cependant, avec la persévérance digne d’un autre but, il fait le signe de la croix