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Page:Desbordes-Valmore - Livre des mères, 1840, t2.djvu/56

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Minette mangeait des fraises. Hyacinthe la regardait se détournant souvent pour gratter sa figure et une fois aussi pour pleurer.

La nuit, ce fut terrible. Elle rêvait des choses qui font peur, des chats qui sautent aux yeux, des oiseaux qui donnent des coups de bec : enfin toutes sortes de bêtes méchantes que la fièvre invente et jette dans les songes des plus innocentes créatures. Minette dormait du sommeil du juste : elle n’entendit pas une des plaintes étouffées de sa pauvre petite victime, dont la mère fut éveillée avec un sentiment profond d’effroi.

D’abord elle prêta l’oreille en s’appuyant sur son cœur qui battait ; puis, cette voix chère et gémissante la remplit de saisissement. Elle alla dans la chambre voisine droit au lit de sa fille, comme si cette chambre eût été pleine de lumière.