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Page:Desbordes-Valmore - Pauvres fleurs, 1839.pdf/129

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PAUVRES FLEURS


Toi, ton doux cri, pardon ! qui brisait ma colère,
À qui le diras-tu : qu’il sache tant lui plaire ?
Une autre, une autre, et puis une autre l’entendra ;
Mais sur des cœurs fermés ce vain cri frappera.

N’en cherche plus l’écho, c’est moi qui le recèle ;
Moi je t’aimai sans borne et de tous les amours !
Le seul que tu poursuis est le seul qui chancèle ;
Celui-là dit demain : les miens disent : toujours !

Mais attenter une heure à ton indépendance ;
Mais te créer l’effroi de ma fidélité ;
Acheter de la vie avec ta liberté ;
Demander des égards pour payer ma constance !…
Ils rêvent. Toi je t’aime : oh ! tu n’en eus jamais ;
Jamais d’un baiser faux tu ne compris l’outrage ;
Quand tu serrais ma main dans tes mains, tu m’aimais :
Et puis ce fut la mort… merci de ton courage.
Vois ! j’en ai : vois ! je dis : « Nous ne nous aimons plus ;
Ainsi des doux romans effeuillés ; ils sont lus. »