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Page:Desjardins - Les Juifs de Moldavie, 1867.djvu/8

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présente des Juifs dans ce pays, et de l’avenir qui leur est réservé.

Je dois dire d’abord que les Israélites de France et d’Allemagne, presque entièrement confondus chez nous avec les populations au sein desquelles ils vivent, ne présentent nulle part, pas même dans les villes où ils habitent encore, comme à Prague, un quartier séparé, une physionomie aussi tranchée que dans ce pays. Ici le moins clairvoyant ne peut se méprendre sur l’origine d’un membre de la tribu d’Israël, quel que soit son sexe ou son âge. La persistance dans les moindres habitudes depuis le Moyen-Âge est telle chez eux, qu’un nombre imperceptible a seul renoncé au costume traditionnel. L’immense majorité, entassée dans les boutiques et dans les longues rues, attire d’abord le regard par les lévites ou longues redingotes noires boutonnées, vertes ou roussies par la pluie, le soleil et l’usure, souvent en lambeaux. On les reconnaît à leur petit chapeau rond, à leurs bottes recouvrant les pantalons des prodigues, à leurs barbes longues et à leurs tire-bouchons cachant les oreilles. Si tous ces signes distinctifs ne révélaient les Juifs de Moldavie, je dois ajouter qu’on reconnaîtrait encore la plupart d’entre eux à la saleté des guenilles qui les couvrent, et qu’on devinerait leurs réduits aux immondices qui les entourent et à l’odeur fétide qui s’en exhale.

Ce n’est donc pas leur religion qui les distingue seule des autres hommes, c’est même, comme on le verra, la moindre chose aux yeux des Roumains ; et j’affirme que le motif religieux n’a aucune part dans les mesures prises par le gouvernement, ni dans l’hostilité que la population leur témoigne. La tiédeur des Grecs orthodoxes pour leur culte et l’indifférence des prêtres salariés par l’État rendent impossible le