Page:Despeaux - Mémoire, ARC, 1785.pdf/16

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
16

lorsqu’il vouloit rendre les urines.

Une marque extérieure bien frappante qui avoit succédé à la chute, étoit un dépôt sanguin qui figuroit du côté gauche du cou immédiatement au dessus de l’apophyse mastoïde : sur celle-ci, la peau étoit violette et désignoit une contusion en cet endroit. Ayant égard de la dureté du sol sur lequel le côté gauche de la tête paroissoit avoir porté violemment et aux accident qui s’étoient manifestés successivement, je soupçonnai une fracture dans le lieu ou du côté de la contusion. Monsieur Lartésien, chirurgien du blessé ayant été de mon avis, nous résolûmes, du consentement des parens, que l’os seroit mis à découvert sans délai. Lorsque j’y eus procédé, nous trouvâmes une fracture avec écartement depuis la partie inférieure de l’apophyse mastoïde, du côté gauche, le côté antérieur de l’occipital, et jusques près de la suture sagittale. Cette fraction à l’os décrivoit une portion de cercle de bas en haut et d’arrière en avant, où l’écartement cessoit d’être sensible ; mais il étoit tel en bas, qu’on pouvoit y faire pénétrer une sonde canelée ordinaire. Le sang que j’en vis sortir d’une manière fort sensible, me fit penser que le dépôt sanguin qui prominoit au côté gauche du cou précisément au dessous de la fracture avoit pu être fourni de l’interieur du crâne : et quoiqu’il continuât d’en sortir à travers ledit écartement et que cette circonstance parût dispenser du trépan, je conclus avec le confrère traitant, qu’il falloit absolument perforer le crâne, vu qu’il pouvoit y avoir du sang coagulé sous l’os, d’autant que l’accident étoit arrivé depuis 4 jours.

D’après ces considérations, je n’hésitai pas d’appliquer une couronne de trépan vers le plus bas de la fracture, et une seconde au haut, là où la solution paroissoit se terminer. Je trouvai, en effet, beaucoup de sang coagulé entre le crâne et la dure-mère et il étoit si compact d’ailleurs qu’il adhéroit fortement aux portions d’os séparées par le trépan. M’étant assuré que la dure-mère étoit détachée de l’os dans une grande étendue, tant antérieurement que postérieurement à la fracture, j’appliquai deux autres couronnes de trépan, qui avec les deux premières établissoient quatre ouvertures à des distances à peu près égalles et plus avantageusement placées dans la circonférence où l’épanchement sembloit se borner. Partout, je trouvai du sang coagulé sous l’os et toujours adhérent aux portions que le trépan avoit séparées. Pour enlever un foyer de sang si étendu, j’en détachai avec une sonde canelée très flexible, je fis des injections avec l’eau tiède et plaçai des bandelettes de linge d’une ouverture à l’autre, afin de mieux entraîner le sang coagulé.

L’opération terminée, le blessé remua les deux extrémités du côté droit paralisées,