Aller au contenu

Page:Desrosiers - Les Opiniâtres, 1941.djvu/130

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
128
les opiniâtres

En passant, Pierre cria à monsieur du Hérisson :

— Les deux Algonquins ne sont toujours pas revenus ?

— Non, pas de nouvelles.

Enfonçant dans les congères, devançant Pierre, Ysabau dépassa les autres groupes. En dehors des palissades, ils arrivèrent à une hutte où chacun se débarrassait de ses raquettes, de ses mitasses. La porte était ouverte. Pierre plongea dans l’intérieur noir comme une cave. Puis il s’exclama :

— Tout a été volé !

D’autres colons surgirent. Des arquebuses, des couvertures, de la poudre, du plomb, des meubles avaient disparu.

Jacques Hertel était accouru. Il examinait les pistes.

— Des Iroquois sont venus pendant la messe, dit-il.

Alors Ysabau poussa un cri affolé :

— Mes enfants, mes enfants.

Leurs amis, Marguerie, Hertel, Amyot, Godefroy, organisèrent un petit parti bien armé. Ils se mirent en route sous le soleil de midi. Pour éviter les surprises, ils marchaient à bonne distance du rivage palissadé de sa forêt impénétrable. Aucun vent ne soufflait. Les raquettes imprimaient des pistes profondes, des paquets de neige retombaient sur le treillis de peau crue, les jambes traînaient difficilement ce fardeau.

— Marche dans nos traces, disait Pierre à Ysabau ; tu te fatigueras moins, la sente y est plus dure.

Ysabau retombait à la suite des autres ; mais elle ne savait plus ce qu’elle faisait. Au bout d’un arpent, elle reprenait la tête de la colonne, la précédait, haletante, muette, examinant partout la surface blanche pour découvrir des pistes.

Ils arrivèrent vis-à-vis du sentier qui conduisait à la cabane.