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Page:Desrosiers - Les Opiniâtres, 1941.djvu/181

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les opiniâtres

— François, promets d’être prudent : ces inquiétudes me tuent.

« Oui, pensait-elle, quelqu’un doit se sacrifier, assumer les risques. »

Elle gravit l’escalier ; elle prépara le lit, suspendit une couverture devant la fenêtre afin que l’obscurité complète régnât durant la matinée.

François réfléchissait. Il n’était pas aussi rassuré qu’il avait voulu le paraître. Apparemment, les Iroquois jugeaient le fruit mûr. Abandonnant leur tactique habituelle, ils rassemblaient cette année tous leurs petits détachements en un gros corps de troupes afin d’asséner un coup puissant. Raser l’un des bourgs, peut-être deux, semblait leur objectif. Mieux armés que les Français, beaucoup plus nombreux, rusés, ils comptaient en plus sur la surprise et la panique.

Toute la colonie partagea cette anxiété. Le lendemain, elle se barricada, courut aux ouvrages de défense, raffermit les enceintes, remplaça les palis pourris ou tombés. L’heure de l’hallali avait sonné, mais le sanglier harassé fortifiait sa bauge.