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Page:Dessaulles, Fontaine - Examen critique de la soi-disant réfutation de la Grande guerre ecclésiastique de l'Honorable L.A. Dessaulles, sans réhabilitation de celui-ci, 1873.djvu/13

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EXAMEN PAR UN FAILLIBLE.

qu’il détruit la liberté humaine, parce que nous allons nécessairement à Dieu ; 2°, qu’il y ait contradiction à dire, que nous retournons à Dieu, quoique cependant nous ne remontions pas vers notre source ; tout cela fort gratuitement, fort maladroitement et ce qui est pire, fort malicieusement. Là-dessus vous lui dites, page 7, qu’il ne doit guère se comprendre lui-même ; ajoutant avec une incomparable dignité : qu’il est le plus grand farceur que vous connaissiez ; puis encore huit lignes de plaisanteries, de cette force ; qu’en pensez-vous ?… et que devez-vous penser de vous même ?

Quant aux fleuves, tout le monde sait bien que ce n’est pas en remontant vers leur source, qu’ils coulent à la mer où ils rentrent cependant pour en ressortir de nouveau et y rentrer encore : ad locum unde exeunt flumina revertuntur ut iterum fluant. Vous avez appris dans vos classes, M. Luigi, les vers du Poëte :


« La mer, dont le soleil attire les vapeurs,
Par ces eaux qu’elle perd voit une mer nouvelle
Se former, s’élever et s’étendre sur elle.
De nuages légers cet amas précieux,
Que dispersent au loin les vents officieux,
Tantôt, féconde pluie, arrose nos campagnes ;
Tantôt retombe en neige, et blanchit nos montagnes.
Sur ces rocs sourcilleux, de frimas couronnés,
Réservoirs des trésors qui nous sont destinés,
Les flots de l’Océan, apportés goutte à goutte,
Réunissent leur force et s’ouvrent une route.
Jusqu’au fond de leur sein lentement répandus,
Dans leurs veines errants, à leurs pieds descendus,
On les en voit enfin sortir à pas timides,
D’abord faibles ruisseaux, bientôt fleuves rapides…
.........................
Mais enfin, terminant leurs courses vagabondes,
Leur antique séjour redemande leurs ondes :
Ils les rendent aux mers ; le soleil les reprend :
Sur les monts, dans les champs l’aquilon nous les rend.
Telle est de l’univers la constante harmonie. »

L. Racine, La Religion, Chant I.


Pourquoi voulez-vous donc à tout prix qu’il y ait contradiction chez M. Dessaulles, à dire que nous retournons vers Dieu nécessairement, comme le fleuve coule vers l’Océan, et que c’est toutefois, sans remonter vers notre source ?