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Page:Dessaulles - Lettres de Fadette, cinquième série, 1922.djvu/143

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tagnes, sur la fine pointe de sapins voisins, se font leurs confidences en roulades charmantes. Les gazons fleuris sont encore de velours vert ; les nuages ourlés d’argent et les arbres roses se mirent dans le lac clair ; les cigales chantent éperdument pendant que les sauterelles dansent comme des folles.

C’est encore l’été, la forêt nous attire, plus belle que jamais dans ses couleurs d’automne. Mon amie, active et gourmande, apporte un panier, et nous allons dans un endroit où est assemblé tout un peuple falot de champignons. Il y en a de toutes les formes et de toutes les nuances : gris, bruns, verdâtres, beiges, noirs, roses, blancs, orangés. Il y en a qui ressemblent à des petits nains coiffés de chapeaux chinois ; d’autres, à des parapluies de poupées ; quelques-uns ont l’air de minuscules tables plates et rondes, et les champignons roses sont pareils à des petites danseuses aux jupes finement plissées, à la japonaise. Parmi tous ces fantasques personnages, il y en a de meurtriers dont il faut avoir grand’peur ! Mon amie fait paisiblement sa cueillette et son panier se remplit : je prédis des empoisonnements tragiques, elle annonce un souper succulent. Et voilà que, mise en demeure de répondre à une question directe, je déclare sans rougir, que je veux partager le souper mirobolant ! Et de rire de mon manque de logique !