Aller au contenu

Page:Dessaulles - Lettres de Fadette, cinquième série, 1922.djvu/149

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

voix plaintives de l’automne pleurent, parce que la mort a pris tant de victimes et parce que l’oubli les a fait disparaître !

Il est pourtant des cœurs où les aimés ne meurent pas ! Dans les cœurs des mères ils sont toujours vivants. Les mères gardent tous les souvenirs, depuis la première heure où elles étreignirent avec ravissement leur nouveau-né, jusqu’à la dernière, où elles le virent dans toute sa beauté et sa force viriles s’anéantir dans la mort. Sans cesse elles les bercent, et leurs sanglots de bébés, et leurs plaintes d’hommes se confondent et se perdent dans leur tendresse qui ne se lasse ni ne s’affaiblit.

Elles sont les mères fidèles, jamais distraites, jamais consolées, vivant en communion avec leurs enfants, leur disant les choses qu’elles n’osaient leur confier, leur demandant ce qu’ils n’osaient leur dire. Leur cœur s’est brisé mais leur amour continue, recueillant les moindres parcelles de souvenir, cherchant la solitude pour mieux trouver leur enfant et ne rien perdre de ce qui leur vient de lui à travers les espaces.

Et avec les mères, que d’âmes profondes qui ne cessent de vivre avec leurs morts et de s’inspirer d’eux. Qui ne sait que la noblesse de certaines vies tient toute dans cette communion intime avec les âmes invisibles mais présentes, compatissantes, voyant en Dieu le rôle de chacun dans le plan divin, secourant les faiblesses, éclairant les aveugle-