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Page:Dessaulles - Lettres de Fadette, cinquième série, 1922.djvu/162

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Boîtante et rassurée, elle sortit de l’église pendant que sonnait l’angélus du soir.

Marie ne priait plus : il lui était venu une de ces idées lumineuses qui ne souffrent pas de retard. Courir au presbytère, mettre son oncle au courant des inquiétudes de Mélanie et de son propre projet fut l’affaire de quelques minutes. À la veillée, un des placards vides de la salle fut rempli à déborder de jouets modestes et de sacs de friandises.

Le jour de Noël, après un dîner sommaire, Mamzelle Mélanie, sur le seuil de la maison paroissiale, attendait ses hôtes. Ils arrivèrent : pas quinze ni vingt, mais une quarantaine au moins, et en un quart d’heure la salle fut remplie de visages souriants et de voix criardes. — Mon Dieu ! Mon Dieu ! soupirait la vieille toute bouleversée, comment arriver avec mes vingt-cinq paquets ?

Elle ouvrit son armoire et regarda avec angoisse ses provisions insuffisantes ; machinalement elle ouvrit l’armoire voisine. À sa stupéfaction succéda rapidement une profonde émotion : pieusement, elle croisa les mains et pria dans toute l’admirable simplicité de son cœur de croyante : — « Merci mon doux Jésus d’être venu à mon secours et pardon d’avoir douté de vous une minute ! »

La distribution des trésors se faisait au milieu d’une joie délirante, quand le curé vint voir la fête de Mélanie : rouge, le chapeau de travers, aussi animée et heureuse