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Page:Dessaulles - Lettres de Fadette, cinquième série, 1922.djvu/168

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se sentaient coupables d’indiscrétion tant elle leur laissait voir son mécontentement.

Le public avait naturellement accès au bureau, mais que de récriminations et de reproches tombaient sur la tête du pauvre curé qui n’interrompait le flot de paroles grondeuses que par des : « Voyons ! Voyons ! Il faut bien que ces pauvres gens posent le pied quelque part ! »

Alors, sa colère se tournait contre lui. — « Ah ! ben oui ! Ce n’est pas vous qui nettoyez du matin au soir ! Curé ou pas curé, tous les hommes c’est pareil ! Ils ne pensent qu’à eux ! — »

Et les portes battaient furieusement.

Pour un retard au repas, c’était de véritables scènes et si nous mangions un dîner refroidi, c’était tant pis pour nous ! Et c’était elle la victime, à l’entendre !

Je n’ai jamais compris pourquoi le bon curé endurait cette mégère ! Par charité, par esprit de sacrifice ? Franchement j’aime mieux me rendre au ciel plus paisiblement et je ne l’aurais pas endurée une semaine ! J’exprimai cette opinion à mon cousin. Il sourit et admit qu’il était souvent tenté de faire un coup d’État. « J’aimerais tant recevoir librement mes amis, circuler à l’aise dans ma maison, manger les mets que je préfère et surtout vivre dans la paix que j’aime ! Un jour pourtant, je me déciderai à en chercher une autre car je suis bien fatigué de la vie que cette excellente personne me fait ! »